dimanche 20 mars 2011

La Séparation - Christopher Priest

Editeur : Folio SF
Pages : 485
Prix : 7,80€

Que s'est-il réellement passé dans la nuit du 10 au 11 mai 1941, cette nuit où Rudolf Hess s'est envolé d'Allemagne pour négocier la paix avec la Grande-Bretagne ? Son avion a-t-il été abattu par la Luftwaffe ? Hess a-t-il réussi sa mission sans en informer Adolf Hitler ? C'est à toutes ces questions que tente de répondre l'historien Stuart Gratton. Il va notamment s'intéresser au destin exceptionnel de deux frères jumeaux, Joe et Jack Sawyer, qui ont rencontré Hess en 1936 aux jeux Olympiques de Berlin. Avec son dernier roman en date, Christopher Priest oscille, comme souvent, entre littérature générale et science-fiction. Uchronie subtile, rêve éveillé, roman historique ? La séparation est un nouveau tour de force, récompensé par le prix de la British Science Fiction Association, le prix Arthur C. Clarke et le Grand Prix de l'Imaginaire, catégorie roman étranger.

Voilà une uchronie, sur le papier, fort originale. La séparation nous raconte l'histoire de deux frères jumeaux, Jack et Joe Sawyer, durant la seconde guerre mondiale et leur vision des évènements. Pour l'un, Jack pilote de la RAF, l'histoire est telle que nous la connaissons alors que pour Joe, objecteur de conscience et ambulancier de la croix rouge, l'Angleterre et l'Allemagne ont fait la paix en 1941. Christopher Priest part d'un fait historique réel, la tentative de Rudolf Hess de conclure en secret une paix avec l'Angleterre, brode autour et s'amuse avec l'histoire. L'intérêt du roman réside dans la confrontation des points de vue des deux frères, points de vue contradictoires qui instaurent une ambiance Dickienne où acteurs et lecteurs naviguent dans plusieurs niveaux de réalité ne sachant plus trop quand la vérité fait place à l'imaginaire. Les hypothèses fusent, folie, schyzophrénie, et on en vient même à douter de l'existence de certains protagonistes mais ce n'est qu'à la toute fin de Christopher Priest donne les clés de son récit. C'est le troisième roman que je lis de cet auteur et c'est la première fois que cette filiation m'apparait aussi clairement, même si avec le recul je la retrouve également dans le monde inverti.

Le roman est construit en plusieurs parties présentant les points de vue respectifs des deux frères avec en fil conducteur, Stuart Gratton, auteur contemporain écrivant un livre sur l'un des deux frères. Ce procédé a déjà été utilisé par Christopher Priest sur le prestige et c'est là que se situe le problème car la comparaison entre les deux romans est impossible à mettre de coté et n'est pas à l'avantage de la séparation. Là où le prestige était précis, malin et original dans la forme comme sur le fond, la séparation m'a fait l'effet d'être plus brouillon et d'accumuler les incohérences. Sans spoiler, ce que je peux dire c'est que le point de vue d'un des frères est impossible car tenant compte d'évènements survenus dans le futur au moment de leur narration. De même, le choix d'une uchronie sur la seconde guerre mondiale, période de l'histoire sans doute la plus utilisée dans ce sous genre de la science fiction, contraste considérablement avec l'originalité du thème du prestige. Enfin, pour finir de noircir le tableau, j'ajouterais que j'ai deviné la chute bien avant la révélation finale, annihilant tout l'effet de surprise mis en place par l'auteur.

Ce roman aurait sans doute pu me plaire si je n'avais pas lu le prestige avant. Le style de Priest est élégant et soigné. Le bonhomme sait écrite et sa SF est susceptible de plaire à des lecteurs pas particulièrement fan du genre car derrière cette étiquette d'écrivain de l'imaginaire, Priest écrit sur des thèmes qui s'apparentent tout autant à la littérature généraliste. La séparation n'est pas tant une uchronie qu'une histoire de rivalité fraternelle, une réflexion sur l'utopie, sur les convictions et ce qu'on est près à sacrifier pour celles ci. Seulement voilà, après avoir lu le prestige, il faut se rendre à l'évidence... La séparation lui est inférieur en tout.

Ils en parlent également : TiggerLilly, Efelle, A.C. de Haenne

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1 commentaires:

Tigger Lilly a dit…

Je ne me souviens pas assez du Prestige pour les comparer entre eux, et tant mieux dans un sens car de mon côté j'ai vraiment bien aimé.

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